Skip to main content

Auteur de pièces de théâtre

Pièces

Le théâtre d'Alain GRAS est un théâtre d'émotions, basé sur le mystère des personnages, de leur destinée. Mystère également au sens originel du mot, une représentation de ce qui est à la fois mystérieux et clair pour l'homme. C’est à cette dimension, en chaque spectateur, qu'il s'adresse.

Sur l'aile de l'Ange

Dans les années 1960, un aviateur américain "tombé du ciel" est interrogé par un responsable de la sécurité de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

"Ce que vous voulez me cacher , je le sais déjà.

Ce qui m'intéresse, c'est ce que vous me direz de votre plein gré.

Lorsque au bout d'un certain temps, vous comprendez que vous n'existez plus pour personne..." 

Mais l'aviateur est-il là  "par accident" ?

Qui a le pouvoir dans ce jeu dangereux dans lequel chacun peut disparaitre à jamais ?

  • Dernière mise à jour le .

Douding Institut

Une douzaine de Doux Dingues, hauts en couleurs, qui rêvent leur vie au travers de personnages fantasmés.
Chacun, bien sûr,est persuadé que les autres sont fous, mais pas lui.
Des situations cocasses et déjantées qui, malgré tout, font écho à nos propres comportements, nos propres fantasmes d’amour, de réussite, de gloire ou de pouvoir.
Mais sont –ils si fous que cela , et nous, finalement, sommes nous moins fous qu’eux ?
A vous de voir. 
  • Dernière mise à jour le .

Don Sganarelle

Une variation sur le thème de Don Juan de Jean Baptiste Poquelin dit Molière

Les années ont passé, Sganarelle qui a fait fortune dans le tabac est devenu Don Sganarelle.

Dona Elvira n'est pas retounée au couvent et vit avec ses souvenirs.

Don Juan, que l'on croyait mort revient à Séville, sans bagage et vieilli aprés avoir parcouru le monde.

Il veut les retrouver pour se retrouver.

Mais les choses ont changé.

L'homme Don Juan est au bout de sa vie, le mythe de Don Juan peut commencer...

 

Don Juan : Et bien mange donc, bon appétit Sganarelle !

Don Sganarelle : Qui êtes vous ?

Don Juan : Allons tu ne me reconnais pas ?

Don Sganarelle : Non.

Don Juan : Approche donc , viens ici tout prés de mon visage.

Don Sganarelle : Ah ! Vous… Monsieur !

Don Juan : Moi même, j’allais presque ajouter pour te servir mais n’inversons pas les rôles veux tu.

Don Sganarelle : Mais…ce n’est pas possible…vous êtes revenu de, de…

Don Juan : De l’enfer ! Comme tu y vas, j’ai encore un peu de temps avant de visiter ce lieu.

Don Sganarelle : Ce n’est pas possible, vous n’êtes pas réel.

Don Juan : Je le suis, en veux tu une preuve ?

Don Sganarelle : Oui.

Don Juan : Approche encore un peu.

Voilà !

Il lui donne une gifle.

Don Sganarelle : Ah ! Mon maître…

Don Juan : Maintenant tu me reconnais.

Don Sganarelle : Pourquoi traiter ainsi le pauvre Sganarelle ?

Don Juan : Pauvre, pauvre ?

Pas si démuni à ce que je vois.

Voilà une maison qui paraît bien vaste et confortable, dans la cour j’y ai vu tout à l’heure une riche voiture attelée de beaux chevaux.

La maisonnée me paraît opulente et il ne manque plus que le fumet d’un bon ragoût qui mijote depuis ce matin pour que le tableau soit complet.

Don Sganarelle : Ah ne parlez pas de ragoût dans cette maison.

Don Juan : On n’y apprécie pas la bonne chaire ?

Don Sganarelle : Si, on…je…nous l’apprécions mais nous en sommes privés.

Don Juan : Privé par qui ?

Don Sganarelle : Par le cuisinier.

Don Juan : Cela n’est pas dans ses fonction, bien au contraire.

Don Sganarelle : Mais il ne jure que par les légumes.

Don Juan : Les légumes très bien mais en accompagnement.

Voilà qui ternit l’  image que j’avais de chez toi.

Renvoie ce cuisinier sur le champs !

Don Sganarelle : Vous croyez ?

Don Juan : J’en suis certain, ce ne sont pas les serviteurs qui doivent imposer leurs idées à leurs maîtres.

Mais avant de le renvoyer qu’il prépare une petite collation, j’ai faim.

Don Sganarelle : Tout de suite mon maître…mais qu’est ce que je raconte ?

Don Juan : Alors qu’attends tu ? J’ai faim !

Don Sganarelle : C’est que , Monsieur, vous arrivez ainsi, comment dire ?

Don Juan : Comme un cheveu sur la soupe ?

Mais qu’on m’apporte donc la soupe.

Allons fait moi servir.

Don Sganarelle : Les temps ont changé.

Don Juan : Quand il est temps de manger, il est temps de manger, je ne vois pas ce qui a changé.

Don Sganarelle : Si. Vous, moi, vous, les choses ont changé.

Monsieur comment vous dire ?

Don Juan : Et bien dit .

Don Sganarelle : Vous arrivez ainsi, sorti tout droit dont on ne sait où, j’en suis tout chamboulé et je dois vous dire.

Don Juan : Parle à la fin, qu’y a-t-il ?

Don Sganarelle : Il y a , Monsieur, que je ne suis plus à vôtre service.

Don Juan : Et qui t’a donné congé ?

Don Sganarelle : Personne.

Don Juan : Alors tu vois.

Don Sganarelle : Vous n’êtes donc pas mort ?

Don Juan : Non.

Don Sganarelle : Mais je vous ai vu .

Don Juan : Qu’as tu vu ?

Don Sganarelle : J’ai vu le feu vous brûler.

Don Juan : Un feu intérieur, Sganarelle, un feu invisible.

Don Sganarelle : Vous avez disparu dans la terre.

Don Juan : La terre ne m’a pas englouti, elle m’a accueilli.

Don Sganarelle : Et après ?

Don Juan : Après ? C’est une affaire entre le Ciel et moi.

Don Sganarelle : Où étiez vous pendant toutes ces années ?

Don Juan : Un peu partout, j’ai beaucoup voyagé, j’ai traversé des pays où la neige est chez elle une grande partie de l’année.

J’ai atteint des rivages où il ne pleut jamais, des rois, des princes m’ont donné l’hospitalité et d’autres fois j’ai dormi à même le sol, sans même un toit sur la tête.

Don Sganarelle : Quelle vie aviez vous donc là ?

Don Juan : Celle d’un homme libre qu’aucun despote, qu’aucune femme n’a jamais retenu, ni dans une prison, ni dans un lit.

Une vie bien remplie, qui a laissé ma bourse vide.

La tienne me paraît agréablement pleine.

Don Sganarelle : C’est que Monsieur a été généreux et a eu la bonté de penser à moi dans son testament.

Don Juan : Il est vrai.

Je l’ai écrit après une nuit de beuverie.

Au matin, une étrange lucidité m’a pris, j’ai alors mis sur un parchemin quelques volontés.

Quelques arrangements pour ceux qui allaient rester.

Don Sganarelle : Et vous avez pensé à votre serviteur.

Don Juan : Je n’ai pas voulu que tu crois que ton maître fut un ingrat.

Don Sganarelle : Je vous en remercie, mais sachez que ce que vous m’avez laissé, je l’ai fait fructifier dans le commerce du tabac.

Vous savez que j’ai toujours aimé le tabac.

Je fais voguer des navires dont les soutes sont pleines des belles feuilles dorées.

Avant que le bateau n’arrive j’ai déjà vendu sa cargaison et avec l’argent je fais partir le suivant.

Don Juan : Ainsi tu es un homme précieux pour chaque fumeur de ce pays, sans toi le philosophe ne pourrait pas réfléchir en regardant les volutes de fumée sortir de son fourneau tandis que les pensées sortent de son esprit.

Quel métier utile tu fais là !

Sans toi, les beaux jeunes hommes à rubans ne pourraient pas prendre la prise en regardant la charmante descendre de son carrosse.

Les arts ne fleuriraient pas, les sciences ne se développeraient pas.

Le tabac est le combustible de la chaudière du monde dont tu es le grand pourvoyeur.

Don Sganarelle : Ah mon bon maître, comme vous me comprenez.

Don Juan : Je te comprends mais je ne t’approuve pas.

Tu as passé tout ce temps à t’enrichir.

  • Dernière mise à jour le .

Quand la pluie viendra

Elle revient après plusieurs années d'absence, ils sont venus l'accueillir.

En les voyant, elle sait qu'elle ne restera pas.

En la voyant, ils comprennent ce qu'ils ont perdu.

Tous espèrent encore la fraicheur de la pluie sur leur visage.

Une larme pourrait même apparaitre, là, juste au coin de ton œil.

Ce serait magnifique, une petite larme qui brillerait un instant.

Avant de lentement couler sur ta joue. Ce serait magnifique”.

Personnages : 1 femme, 3 hommes.

Une femme arrive sur scène…

Trois hommes, en redingote sombre, l’accueillent, ils sont dos au public.

La femme sourit et les regarde un par un avec un regard franc et malicieux à la fois.

Elle : Vous êtes venus.

Vous êtes venus m’accueillir, comme c’est gentil d’être venus m’accueillir.

Il ne fallait pas.

Mais si, il le fallait n’est ce pas ?

Il fallait que nos retrouvailles se déroulent ainsi par un si beau jour de soleil, dans cet endroit précis.

Oui, c’est ainsi que nos retrouvailles devaient se passer et c’est ainsi q’elles se passent.

Vous avez l’air tous les trois en grande forme.

Et quelle élégance !

Messieurs vous vous êtes surpassés !

Si, si, vraiment, ne dites pas le contraire.

Homme 1 : Cela est bien naturel, pour ton retour, que nous ayons mis nos beaux habits.

Homme 2 : C’est un très grand jour aujourd’hui, un jour de grand soleil.

Elle : Je suis encore toute engourdie par le voyage, mais me voilà arrivée, je pose les pieds sur cette bonne terre de mes ancêtres et je sens tout mon corps s’éveiller comme après un très long sommeil.

Tournant sur elle même.

J’ai deux pieds, deux jambes, deux bras et une tête, mes épaules sous le soleil, ma nuque dans le vent, je suis complète.

Je vous reviens entière.

Homme 1 : Tu n’as rien perdu, tu as toujours ton teint rose et frais, tes cheveux ont gardé leur couleur et tes yeux leur éclat si particulier.

Homme 2 : Ton parfum imprègne déjà tout ce lieu, la magie de ta présence opère déjà.

Homme 1 : Nous sommes sous ton charme.

Elle : Je pensais avoir perdu tout cela.

Homme 3 : Non, rien n’est perdu, tout est revenu, tu es revenue.

Elle : Allons, mes bons et vieux amis, le soleil chauffe déjà, remettez donc vos chapeaux et buvons ensemble à nos retrouvailles.

Homme 2 : Nous avons préparé des rafraîchissements, la route est si poussiéreuse pour venir jusqu’ici.

Homme 1 : Cela fait trois mois qu’il n’a pas plu, tout est si sec.

Homme 2 : C’est la saison qui veut ça, tu te souviens de la saison sèche ?

Elle : Bien sûr, je me souviens des longues promenades dans la campagne immobile, du chant des cigales, des grillons la nuit, et puis au matin, un peu de fraîcheur.

En cette saison l’air est si pur.

Homme 3 : Tout se distingue avec précision, le contour des choses, l’esprit des lieux, l’âme des êtres. Et pourtant tout est à la fois si flou, si mystérieux, comme brouillé par la lumière.

Homme 1 : Etincelant dans l’ombre.

Elle : Comme le renard attiré la nuit par la lueur du feu de camps et qui lentement disparaît dans le feuillage en me regardant droit dans les yeux.

Homme 1 : Tu n’as pas oublié.

Elle : Ni cette nuit là, ni toutes ces nuits, dans le vent, sous les étoiles, sous la pluis, ni les petits matins gris ou roses.

Homme 2 : Nous les avons souvent partagé, puis tu nous a quitté.

Ce coin du monde n’était plus ton coin de paradis.

Elle : Il est toujours resté dans mon cœur et vous aussi.

Homme 3 : Nous, nous sommes restés ici.

Homme 1 : Et nous suivions tout ce que tu faisais, là bas.

Homme 2 : Tout ce qu’on en disait.

Elle : Et qui n’était pas toujours la vérité.

Homme 1 : Les journaux parlaient souvent de toi.

Homme 2 : On te voyait en photos au bras de gens célèbres, des écrivains, des peintre et même un torero !

Elle : Je les ai tous aimé, même et surtout le torero. Il était très beau.

Homme 2 : Tu étais dans un tourbillon.

Elle : J’étais le tourbillon, ils tournaient autour de moi , tous et tout tournait autour de moi.

Homme 1 : Nous, nous restions là, immobiles à regarder passer ta vie à tout vitesse

Homme 2 : J’en avais mal à la tête.

Homme 3 : Certains soirs en m’endormant je cherchais ton visage et je ne retrouvais pas son image. Tu étais perdue dans une brume, dissimulée et pourtant si présente, comme si ton corps était encore prés de moi .

Elle : Vous étiez toujours là, vos visages aussi clairs que les rayons du soleil après une pluie de printemps, ils me réchauffaient lorsque j’y pensais, là bas c’était souvent l’hiver.

Homme 2 : J’aurais peur de vivre là bas

Elle : Ici c’est un autre goût.

Homme 3 : Il t’a manqué ?

Elle : ……

Homme 2 : Il t’a manqué ?

Elle : ……

Homme 3 : Nous t’avons manqué ?

Elle : Oui.

Une femme arrive sur scène..

Trois hommes, en redingote sombre, l’accueillent, ils sont dos au public.

La femme sourit et les regarde un par un avec un regard franc et malicieux à la fois.

Elle : Vous êtes venus.

Vous êtes venus m’accueillir, comme c’est gentil d’être venus m’accueillir.

Il ne fallait pas.

Mais si, il le fallait n’est ce pas ?

Il fallait que nos retrouvailles se déroulent ainsi par un si beau jour de soleil, dans cet endroit précis.

Oui, c’est ainsi que nos retrouvailles devaient se passer et c’est ainsi q’elles se passent.

Vous avez l’air tous les trois en grande forme.

Et quelle élégance !

Messieurs vous vous êtes surpassés !

Si, si, vraiment, ne dites pas le contraire.

Homme 1 : Cela est bien naturel, pour ton retour, que nous ayons mis nos beaux habits.

Homme 2 : C’est un très grand jour aujourd’hui, un jour de grand soleil.

Elle : Je suis encore toute engourdie par le voyage, mais me voilà arrivée, je pose les pieds sur cette bonne terre de mes ancêtres et je sens tout mon corps s’éveiller comme après un très long sommeil.

Tournant sur elle même.

J’ai deux pieds, deux jambes, deux bras et une tête, mes épaules sous le soleil, ma nuque dans le vent, je suis complète.

Je vous reviens entière.

Homme 1 : Tu n’as rien perdu, tu as toujours ton teint rose et frais, tes cheveux ont gardé leur couleur et tes yeux leur éclat si particulier.

Homme 2 : Ton parfum imprègne déjà tout ce lieu, la magie de ta présence opère déjà.

Homme 1 : Nous sommes sous ton charme.

Elle : Je pensais avoir perdu tout cela.

Homme 3 : Non, rien n’est perdu, tout est revenu, tu es revenue.

Elle : Allons, mes bons et vieux amis, le soleil chauffe déjà, remettez donc vos chapeaux et buvons ensemble à nos retrouvailles.

Homme 2 : Nous avons préparé des rafraîchissements, la route est si poussiéreuse pour venir jusqu’ici.

Homme 1 : Cela fait trois mois qu’il n’a pas plu, tout est si sec.

Homme 2 : C’est la saison qui veut ça, tu te souviens de la saison sèche ?

Elle : Bien sûr, je me souviens des longues promenades dans la campagne immobile, du chant des cigales, des grillons la nuit, et puis au matin, un peu de fraîcheur.

En cette saison l’air est si pur.

Homme 3 : Tout se distingue avec précision, le contour des choses, l’esprit des lieux, l’âme des êtres. Et pourtant tout est à la fois si flou, si mystérieux, comme brouillé par la lumière.

Homme 1 : Etincelant dans l’ombre.

Elle : Comme le renard attiré la nuit par la lueur du feu de camps et qui lentement disparaît dans le feuillage en me regardant droit dans les yeux.

Homme 1 : Tu n’as pas oublié.

Elle : Ni cette nuit là, ni toutes ces nuits, dans le vent, sous les étoiles, sous la pluis, ni les petits matins gris ou roses.

Homme 2 : Nous les avons souvent partagé, puis tu nous a quitté.

Ce coin du monde n’était plus ton coin de paradis.

Elle : Il est toujours resté dans mon cœur et vous aussi.

Homme 3 : Nous, nous sommes restés ici.

Homme 1 : Et nous suivions tout ce que tu faisais, là bas.

Homme 2 : Tout ce qu’on en disait.

Elle : Et qui n’était pas toujours la vérité.

Homme 1 : Les journaux parlaient souvent de toi.

Homme 2 : On te voyait en photos au bras de gens célèbres, des écrivains, des peintre et même un torero !

Elle : Je les ai tous aimé, même et surtout le torero. Il était très beau.

Homme 2 : Tu étais dans un tourbillon.

Elle : J’étais le tourbillon, ils tournaient autour de moi , tous et tout tournait autour de moi.

Homme 1 : Nous, nous restions là, immobiles à regarder passer ta vie à tout vitesse

Homme 2 : J’en avais mal à la tête.

Homme 3 : Certains soirs en m’endormant je cherchais ton visage et je ne retrouvais pas son image. Tu étais perdue dans une brume, dissimulée et pourtant si présente, comme si ton corps était encore prés de moi .

Elle : Vous étiez toujours là, vos visages aussi clairs que les rayons du soleil après une pluie de printemps, ils me réchauffaient lorsque j’y pensais, là bas c’était souvent l’hiver.

Homme 2 : J’aurais peur de vivre là bas

Elle : Ici c’est un autre goût.

Homme 3 : Il t’a manqué ?

Elle : ……

Homme 2 : Il t’a manqué ?

Elle : ……

Homme 3 : Nous t’avons manqué ?

Elle : Oui.

  • Dernière mise à jour le .

Mondes enfouis

Personnages:

2 femmes, 2 hommes.

Synopsis:

Notre mère a retrouvé un vieil ami.

Notre mère se met à aimer la peinture non figurative.

Notre mère veut tout changer dans la maison...

Depuis ce matin il y a un drôle de tableau accroché au salon.

"Je veux retrouver des mondes enfouis lorsque je n'étais pas leur mère, ni l'épouse de leur père"

C'est parfois lorsque le passé resurgit que l'on peut faire un pas vers l'avenir.

 

Clara : Mais ton goût soudain pour ce genre de peinture, c’est son influence ?

Isabelle : Ta mère n’est pas une femme sous influence, mais il y a des aspects de moi que tu ne connais pas et moi non plus d’ailleurs.

Clara : Il y a encore beaucoup de choses de toi encore inconnues comme tu dis ?

Préviens moi si tu te mets à aimer le football, le tricot ou les voitures de sport, que je ne sois pas surprise lors de ma prochaine visite si je trouve une Maserati rouge garée devant la maison et un footballeur professionnel dans le salon à qui tu expliquerais le secret des mailles à l’envers .

Isabelle : Il n’y a pas de danger mais simplement on se découvre en permanence et avec l’âge les goûts changent, tu verras.

Clara : Je croyais qu’avec le temps on devenait plus classique.

Isabelle : Et bien moi je me sens plus moderne qu’à vingt ans et je me sens bien.

Clara : Tant mieux pour toi.

Isabelle : C’est toi qui est classique, ma fille. Allons, décontractes toi un peu, cela te fera du bien tu sais.

Clara : Mais je ne suis pas contractée du tout, je fais suffisamment d’exercices de relaxation pour me sentir dé-contractée.

Isabelle : Pourtant tu me parais toujours soucieuse, depuis que tu es enfant tu es soucieuse.

La première fois que je l’ai remarqué c’étai un mercredi après midi, tu n’avais pas classe et tu devais aller chez une amie.

Je te revois assise dans la cuisine, ne bougeant pas, l’air très absorbé et déjà soucieuse.

Je t’ai demandé ce qui n’allait pas, si tu préférais rester à la maison plûtot que d’aller voir ton amie. Tu m’as regardé avec un petit sourire triste, comme si tu me disais « Tu ne comprends rien, Maman ». Tu m’as alors regardé dans les yeux et m’as dit « Tout va bien, Maman ».

Je ne t’ai pas cru et depuis il t’arrive encore de me regarder avec ce même sourire qui me dit : « Tu n’as rien compris, Maman ».

J’aimerais tant comprendre enfin, ne plus me sentir impuissante et pouvoir t’aider.

Clara : M’aider…

Sais tu pourquoi cet après midi là je ne suis pas allée chez cette amie ?

Isabelle : Non, pourquoi ?

Clara : Parce que j’ai eu peur.

Je me souviens de ce moment dans la cuisine, cet après midi là, la toute première fois où j’ai senti que tu n’y arriverais pas, Maman, que ta légèreté que je sentais là devant moi, ne ferait pas le poids face à la vie qui risquait de t’écraser

Si j’étais soucieuse, comme tu dis, c’était pour toi et je n’ai jamais cessé de l’être .

J’ai toujours peur que le vent se lève et t’emporte .

Isabelle : Et bien aucun vent mauvais ou bon ne m’a jamais emporté.

Je suis toujours là , les pieds plantés sur cette terre.

Ma légèreté a souvent été ma force, elle m’a permis de considérer sans trop de sérieux des événements qui étaient très sérieux, grave parfois. Au delà desquels ni le poids ni la légèreté ne pèsent plus rien.

Le vent a parfois soufflé vraiment fort mais je n’ai pas rompu les amarres, ta présence et celle de ton frère m’ont accroché au quai.

Ne t’inquiète pas pour moi, ma chérie, ta mère est bien vivante.

Clara : Et je suis, moi aussi vivante en face de toi, comme depuis le commencement de ma vie.

Je te regardes et tu me regardes, entre nous il y a cette infime distance qui fait toute la distance depuis que je suis sortie de toi, qui nous sépare, nous compose et nous lie.

Isabelle : Je sais ce dont tu parles, je sais l’inséparable séparé, l’inconnaissable reconnu, l’indéfinisable incarné.

Je sais ton nom, qui existait avant que je te nomme, je te sais toi entière, là devant moi pour toujours.

Je sais le matin qui se lève et le soir qui descend.   

Clara : Je sais tes gestes, ceux qui protégent et ceux qui font mal.

Isabelle : Je sais ta détresse, ton immobilité et ta révolte.

Clara : Je sais ton retour et ton départ, de toi je sais ce que tu ne me laisses pas voir et ce que tu ne sais pas encore.

Isabelle : Ma fille…toi.

Clara : Ma mère…toi.

  • Dernière mise à jour le .

V de W

Synopsis :
Le professeur Walter, paléontologue réputé, vit au milieu de ses livres avec sa fidèle secrétaire. Celle ci doit s’absenter et trouve comme remplaçante une jeune fille qui va bousculer l’intérieur bien rangé du Professeur.
Dans cette comédie chacun va se révéler tel qu’il est au fond de lui-même.

Personnages : 2 femmes, 2 hommes.

V DE W

Vanessa : Justement je voudrais savoir en quoi consiste votre travail ?

Clémence m'a dit que vous partiez quelques jours et que je pourrais vous remplacer.

Je veux bien, mais il faut m'expliquer en quoi ça consiste et où ça se passe.

Virginie : Ici.

Vanessa : Ici dans cette biblio

Virginie : Ce n'est pas une… biblio.

Vanessa : Un musée alors...

Virginie : Non plus.

Là c'est le bureau du Professeur et ici c'est le mien.

Vanessa : Et qu'est ce qu'il enseigne votre Professeur ?

Virginie : Il n'enseigne rien, voyons, le Professeur se consacre à la recherche.

Il est spécialiste de la Préhistoire, il a écrit de nombreux ouvrages qui font autorité, il est mondialement connu.

Vanessa : Moi je ne le connais pas.

Virginie : Ce n'est pas une raison.

Il a donné son nom à une grotte qu'il a découvert il y a quelques années et qui est un des plus beaux sites préhistorique découvert à ce jour.

Vous en avez sûrement entendu parlé, à l'époque tous les journaux en ont parlé, c'est une découverte considérable.

Vanessa : Ah bon.

C'est un peu sombre, non ?

Virginie : C'est normal, une grotte…

Vanessa : Non le bureau.

Virginie : Quoi le bureau ?

Vanessa : Et bien je le trouve plutôt sombre.

Virginie : Ah vous trouvez ?

Vanessa : Oui, ça manque de clarté, de lumière et puis tous ces vieux bouquins…

Virginie : Je croyais que vous aimiez les livres.

Vanessa : Ceux que l'on peut facilement prendre et mettre dans sa poche, se balader avec et les lire n'importe où.

Mais ceux là il faut une brouette pour les déplacer.

Alors en quoi consiste ce travail dans la pénombre ?

Virginie : Rien de bien compliqué, il s'agit d'aider le Professeur, de faire son secrétariat, de s'occuper un peu de tout, de lui faire un peu tout quoi.

Vanessa : Vous lui faites tout ?

Virginie : Tout ce qui en mon pouvoir, oui.

Vanessa : Je suis désolé mais je ne correspond pas au poste. Il vous faut trouver quelqu'un d'autre.

Virginie : Pourquoi donc ?

Vanessa : Parce que je ne peux pas tout faire à un homme que je ne connais pas, ni à un homme que je connais d'ailleurs.

Il y a des choses que je m'interdis de faire, c'est une question de morale personnelle, désolée et vous ne me ferez pas changer d'avis à ce sujet.

Virginie : Mais enfin, il ne s'agit pas de…comment dire, de relations intimes avec le Professeur, mais de relations professionnelles.

Vanessa : Je ne suis pas une professionnelle, mais si c'est ce que vous cherchez pour votre Professeur, vous pouvez en trouver facilement.

Virginie : Je vous parle de secrétariat et c'est tout.

Vanessa : Je ne suis pas une professionnelle du secrétariat.

Virginie : Vous savez taper sur un clavier ?

Vanessa :Il faut savoir aussi jouer du piano ?

Virginie : Mais non pas du piano, de l'ordinateur, un clavier d'ordinateur.

Vanessa : Ah oui ça fastoche.

Virginie : Bon, vous êtes à l'aise pour répondre au téléphone ?

Vanessa : Pas de problème, super à l'aise.

Virginie : Et pour filtrer les appels ?

Vanessa: Simple : « le Professeur est en voyage, écrivez, on vous répondra. »

Virginie : Peut être pas aussi dissuasif mais c'est pas mal.

De toute façon Clémence a dû vous le dire : ce n'est que pour quelques jours, quatre ou cinq au plus.

Vanessa : Elle me l'a dit.

Virginie : Je pense que ça ira, je vous laisserez mon numéro de téléphone au cas ou vous avez besoin de me joindre.

Vanessa : Et votre Professeur là…

Virginie : Quoi donc ?

Vanessa : Vous ne lui demandez pas son avis, c'est quand même avec lui que je vais travailler.

Virginie : Il me fait entièrement confiance.

Vanessa : J'aimerai bien le rencontrer ...

Virginie : Demain matin, vous le verrez demain matin à neuf heures trente lorsque vous prendrez vos fonctions.

Vanessa : Vous le prévenez !

Virginie : Bien sûr.
Alors demain matin, neuf heures trente.

Alain Gras

  • Dernière mise à jour le .